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Six chiffres sur l’irrigation agricole et son coût

Le bassin Adour-Garonne est la zone où l'agriculture est la plus gourmande en eau par rapport à la consommation locale.

Que représente le secteur agricole dans la consommation d’eau en France ? Quelles sont les exploitations les plus équipées pour l’irrigation ? Combien cette eau coûte-t-elle en moyenne ? Zoom sur une ressource au cœur de l’actualité.

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Rattaché au ministère de la Transition écologique, le Commissariat général au développement durable (CGDD) publie en novembre un document de travail rendu en août 2025 sur les enjeux liés au prix de l’eau. L’occasion d’un état des lieux sur l’irrigation agricole et ses perspectives en France.

10 %

C’est la part de l’eau prélevée pour l’irrigation agricole par rapport aux prélèvements totaux réalisés en eaux superficielles et souterraines en France en 2020, selon une publication du service statistique des ministères en charge de l’environnement et de l’énergie (Sdes) publiée en 2024. Cette eau a servi à irriguer 1,8 million d’hectares, soit 6,8 % de la surface agricole utile (SAU) française.

58 %

C’est la part que représente le secteur agricole dans la consommation totale d’eau en France en 2020, selon les chiffres recueillis par le Sdes en 2025. L’eau consommée est la part de l’eau prélevée qui n’est pas restituée aux milieux aquatiques. À titre de comparaison, l’eau potable représente quant à elle 26 % du total national, contre 12 % dédiée au refroidissement des centrales électriques et 4 % aux usages industriels.

À l’échelle régionale, les bassins Adour-Garonne (80 % de l’eau consommée pour le secteur agricole), Loire-Bretagne (59 %) et Rhône-Méditerranée (57 %) sont les zones où l’agriculture est la plus gourmande en eau par rapport à la consommation locale. En revanche, c’est la part destinée à l’eau potable qui prédomine en Artois-Picardie (57 %) et en Seine-Normandie (53 %), et celle pour la production d’électricité en Rhin-Meuse (36 %).

À noter qu’il existe d’importantes disparités dans les consommations agricoles selon les saisons. Elle est souvent plus élevée au printemps et en été, lors de la période d’étiage pendant laquelle les disponibilités en eau sont réduites.

14,8 %

C’est l’augmentation des surfaces agricoles irriguées en France entre 2010 et 2020, passant de 1 575 586 à 1 810 854 hectares. Après une période 2000-2010 plutôt stable sur le plan national en raison d’un contexte globalement moins favorable à l’irrigation, ce regain de croissance s’observe dans la quasi-totalité des départements français, avec toutefois des intensités variables.

Les surfaces agricoles irriguées ont augmenté de 14,8 % en France entre 2010 et 2020. (© Capture d'écran Sdes)

Le nord et l’est de la France sont les régions qui connaissent les plus fortes augmentations des surfaces irriguées. Selon le CGDD, « ces tendances suggèrent que, sous l’effet du changement climatique, les problèmes de manque d’eau ne se limitent plus au sud et concernent désormais l’ensemble du territoire métropolitain ».

51 %

C’est la part des exploitations maraîchères et horticoles équipées en système d’irrigation, ce qui en fait le secteur agricole le plus équipé en France selon le Sdes. Les cultures de maïs mobilisent cependant le plus de surfaces irriguées (38 %) devant le blé (12 %) et les légumes frais, fraises et melons (9 %). L’évolution des conditions climatiques a conduit les agriculteurs à s’équiper davantage, avec une augmentation moyenne des surfaces irrigables de 23 % entre 2010 et 2020.

0,15 €/m3

C'est le tarif moyen de l’eau dans les réseaux collectifs d’irrigation sous pression, tel qu’il est évalué par l’enquête la plus récente en la matière, datant de 2017 (1). Ce tarif moyen est défini par les auteurs comme le total des recettes (incluant les parts forfaitaire et volumétrique) rapporté au volume consommé. Cependant, « ce tarif moyen masque une hétérogénéité des situations en termes de formule tarifaire », souligne le CGDD, ces dernières étant très variées.

De 5 à 14 %

C’est la part du prix de l’eau pouvant aller à la redevance pour prélèvement sur la ressource en eau. Cette redevance, fixée par chaque agence de l’eau, se fonde sur le principe de la prise en charge des coûts des externalités environnementales. Il s’agit d’un effort collectif et solidaire — il ne concerne pas seulement l’irrigation agricole — qui sert à financer des actions d’amélioration de la gestion qualitative et quantitative de l’eau et des milieux aquatiques.

Ces redevances peuvent varier selon les zones en fonction notamment du degré de tension sur la ressource en eau, mais elles restent globalement inférieures aux plafonds permis par la loi. Selon la Cour des comptes et l’audit interne des agences de l’eau mené en 2022, le niveau de redevance n’est pas aligné avec celui des tensions sur la ressource, « trop faible pour avoir des effets sur la demande en eau agricole, il est surtout considéré comme un moyen de financement plutôt que comme un moyen d’incitation ».

(1) Jourdren et al., 2017, sur les bassins-versants Adour Garonne, Loire Bretagne et Rhône-Méditerranée-Corse. 322 réseaux ont été analysés, dont 230 réseaux sous pression et 92 gravitaires.

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